Cette semaine, Apple s’est opposé à une demande de la justice américaine lui ordonnant de venir en aide aux enquêteurs du FBI afin de déverrouiller l’iPhone de l’un des auteurs du massacre de San Bernardino. Aux dires du grand patron de l’entreprise, Tim Cook, s’y conformer aurait de graves répercussions sur l’ensemble de ses utilisateurs.
Alors que notre collègue Benoît Gagnon a expliqué plus tôt aujourd’hui les dangers d’outrepasser la protection cryptographique de tels appareils en intégrant une porte dérobée à iOS, voilà que Google, WhatsApp, et le lanceur d’alerte Edward Snowden ont individuellement soutenu la position du géant californien dans cette affaire.
Prises de parole d’importants acteurs de l’industrie
Principal concurrent lorsque vient le moment de parler du marché mobile, Google s’est pourtant rangé du côté d’Apple par la bouche de Sundar Pichai, son PDG. Non seulement ce dernier a qualifié la lettre ouverte de son homologue d’importante, mais il a également fait la déclaration suivante (répartie sur plusieurs tweets) :
«Nous savons que les forces de l’ordre et les agences de renseignement font face à des défis importants dans la protection du public contre la criminalité et le terrorisme. Nous fabriquons des produits sécurisés pour protéger vos informations et nous donnons accès aux forces de l’ordre à ses données lorsqu’un mandat de perquisition valide est présenté. Mais cela est tout à fait différent que d’exiger les entreprises à permettre le piratage des appareils et des données de leurs clients. Cela pourrait créer un précédent inquiétant.»
Pichai est impatient de participer à une discussion ouverte et réfléchie sur cette épineuse question.
Pichai a également souligné qu’il était impatient de pouvoir participer à une discussion ouverte et réfléchie sur cet important enjeu, en prévision d’un potentiel débat public au sujet des méthodes de chiffrement dans la conjoncture avec laquelle est confronté le gouvernement des États-Unis.
De son côté, le PDG de WhatsApp, le populaire service de messagerie et importante filiale de Facebook, a partagé la lettre de Cook en l’introduisant comme suit :
«J’ai toujours admiré Tim Cook pour sa position au sujet de la vie privée et des efforts d’Apple dans la protection des données de ses utilisateurs, et ne pourrais être plus en accord avec tout ce qu’il dit dans sa lettre ouverte aujourd’hui. Nous ne devons pas permettre la création de ce dangereux précédent. Aujourd’hui, notre autonomie et notre liberté sont en jeu.»
Enfin, comme le dit l’expression : jamais deux sans trois. Le célèbre dénonciateur Edward Snowden a également soutenu Apple par la voie d’un tweet qui laisse songeur.
The @FBI is creating a world where citizens rely on #Apple to defend their rights, rather than the other way around. https://t.co/vdjB6CuB7k
— Edward Snowden (@Snowden) February 17, 2016
«Le FBI est en train de créer un monde où les citoyens doivent compter sur Apple pour défendre leurs droits, plutôt que l’inverse», a-t-il écrit en partageant la lettre publiée par Apple.
Un grand absent de la discussion pour le moment est Satya Nadella, PDG de Microsoft. À noter toutefois que ce dernier a retweeté un communiqué publié par l’alliance Reform Government Surveillance, qui regroupe notamment AOL, Apple, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo.
«Les entreprises issues du secteur technologique ne devraient pas être tenues de construire des portes dérobées liées à des technologies conçues pour conserver la sécurité de l’information de leurs utilisateurs», a déclaré l’alliance. «Les entreprises de l’alliance RGS sont engagées à fournir aux forces de l’ordre l’aide dont ils ont besoin tout en protégeant la sécurité de leurs clients et la confidentialité de leurs informations.»
Une position critiquée par des politiciens
Bien entendu, le point de vue d’Apple sur cette question n’est pas partagé par tous, particulièrement chez les politiciens aux États-Unis. Outre les inévitables attaques de Donald Trump (qui a une opinion sur tout, doit-on le rappeler), le sénateur américain Tom Cotton n’a pas hésité de décrire Apple comme étant l’entreprise toute désignée pour les criminels.
«Le problème avec le chiffrement bout à bout n’est pas qu’une question de terrorisme. C’est également un problème de trafic de drogue, d’enlèvement et de pornographie juvénile qui touche l’ensemble des États-Unis», a-t-il déclaré dans un communiqué.
«Il est déplorable que la grande société qu’est Apple soit en train de devenir une entreprise de choix pour les terroristes, les trafiquants de drogue et les prédateurs sexuels de toutes sortes.»