Suite à l’échec des négociations visant à faire l’acquisition de Twitch, Google semble percevoir la nouvelle propriété d’Amazon comme une menace importante. Si bien que des rumeurs circulent suggérant que YouTube pourrait relancer son service de live streaming en mettant l’accent sur les jeux vidéo. Pour ce faire, l’entreprise aurait approché des producteurs de contenu et des joueurs œuvrant au sein de cette industrie.
«Je prédis qu’on atteindra un nombre record de spectateurs une fois que Google deviendra partenaire et commencera à faire la promotion de ce genre d’événements.»
«Les jeux vidéo et le esport en particulier seront au cœur du service YouTube Live», a déclaré un informateur au blogue The Daily Dot. «Les diffuseurs et organismes bien établis dans le milieu se verront bientôt offrir d’intéressantes opportunités, et je prédis qu’on atteindra un nombre record de spectateurs une fois que Google deviendra partenaire et commencera à faire la promotion de ce genre d’événements.»
Soulignons que la possibilité de diffuser de la vidéo en direct sur YouTube est offerte depuis 2010. Toutefois, le live streaming n’est jamais devenu un véritable phénomène avant l’arrivée de plateforme dédiée à ce type de diffusion. Alors que YouTube a bâti sa réputation comme étant un portail de vidéos préenregistrées, Twitch (et sa version préalable, Justin.tv) s’est toujours présentée comme une plateforme entièrement dédiée à la vidéo en direct.
Selon une autre source familière avec le dossier, YouTube aurait ainsi recruté une équipe formidable composée notamment de 50 ingénieurs spécialisés dans la webdiffusion vidéo.
«C’est toute une déclaration d’intention», affirme ce dernier. «C’est également le bon moment, avec Twitch qui se déplace dans d’autres domaines tels que la musique et ainsi de suite. Google ne veut pas se retrouver à court de munitions.»
Un relâchement de restrictions s’impose
Ces derniers mois, de nombreux créateurs de contenu portant sur les jeux vidéo ont vu certaines de leurs capsules être retirées de YouTube pour infraction au droit d’auteur. Ce fut notamment le cas de Denis Talbot, animateur du podcast Radio-Talbot, qui se voit aujourd’hui dans l’obligation de retirer la portion audio des extraits de jeux diffusés lors de critiques ou de nouvelles qui traitent du jeu concerné.
«S’il appert que YouTube entend alléger sa politique sur les droits d’auteur, c’est une bonne nouvelle», nous a affirmé Talbot. «L’algorithme qui vérifie nos contenus est beaucoup trop sévère. Radio-Talbot commente l’actualité. Souvent, nous avons été bloqués en voulant illustrer un propos avec une vidéo. Et le pire, c’est qu’on doit débattre avec une machine qui ne comprend rien…»
Il existe des exceptions relatives à l’utilisation équitable qui prévoient que l’utilisation d’une œuvre aux fins de critiques, de compte-rendu ou de communication de nouvelles ne constitue pas une violation du droit d’auteur.
«Plusieurs de nos émissions ont été bloquées ou simplement interdites de diffusion. Dans un des cas, alors que nous parlions de la sortie du dernier Call of Duty, l’émission a été supprimée mondialement parce que nous utilisions la bande-annonce du jeu. Ironiquement, elle m’avait été envoyée par la compagnie.»
«Le robot ne discerne pas ces nuances. Il en est de même pour la musique. C’est parfois pire : même si les concepteurs du jeu sont avec moi pendant l’émission, et qu’ils m’autorisent l’utilisation de leurs images de jeu, nous préférons couper la musique originale et la remplacer par une toune en canne, générique et libérée de droits, afin d’éviter la guillotine de YouTube… c’est ridicule!»
Devant la situation, le populaire animateur a choisi d’héberger lui-même ses vidéos afin de contourner ces restrictions jugées abusives. Il a d’ailleurs lancé son portail cette semaine, où l’on retrouve la totalité des vidéos préalablement diffusées sur le compte Twitch de Radio-Talbot.
Comme le mentionnait Jean-Sébastien Rodriguez dans sa récente chronique portant sur YouTube et le droit d’auteur, il existe des exceptions relatives à l’utilisation équitable qui prévoient que l’utilisation d’une œuvre aux fins de critiques, de compte-rendu ou de communication de nouvelles ne constitue pas une violation du droit d’auteur, à condition que soient mentionnés la source et le nom de l’auteur (ou autres ayants droit).
Ainsi, si YouTube souhaite réellement rivaliser avec Twitch sur la diffusion de vidéo en direct, l’entreprise n’aura d’autre choix que d’ajuster ses algorithmes pour ne pas nuire à ses utilisateurs.
À surveiller cet été
Tout porte à croire que YouTube inaugurera la nouvelle version de son service de diffusion vidéo lors du prochain E3, le rendez-vous annuel de l’industrie du jeu vidéo, qui se déroulera du 16 au 18 juin.