Ce n’est pas tous les jours que l’on peut déclarer que l’on travaille de concert avec l’Agence spatiale canadienne ou la NASA. C’est pourtant ce que fait quotidiennement Pierre-Alexandre Fournier, le PDG de l’entreprise québécoise Hexoskin. Ils offrent aujourd’hui des solutions afin de surveiller, à distance, la santé des astronautes.
Résumé d’une envolée spectaculaire bien au-delà des frontières et même de la surface de la planète.
Rencontre avec Pierre-Alexandre Fournier
D’où est venue l’idée des vêtements «intelligents» au départ?
Pierre-Alexandre Fournier : Avant d’arriver aux vêtements, nous avions développé plusieurs appareils de mesure de santé, et nous avons réalisé que les gens allaient les utiliser seulement si c’était confortable à porter et simple à utiliser. Après avoir comparé des dizaines de formats possibles pour nos capteurs, le vêtement s’est démarqué comme la solution la plus élégante et naturelle.
Qu’est-ce qui vous a mené à vous pencher vers des solutions pour les astronautes? Était-ce une volonté réelle de l’entreprise ou une opportunité inattendue?
P.A. Fournier : Pendant le développement du produit en 2011, l’Agence spatiale canadienne a émis un appel d’offres pour un système de mesure à distance des astronautes. Ce qu’ils cherchaient était presque identique au système sur lequel nous travaillions. Nous avons fait une soumission et nous avons gagné l’appel d’offres en octobre 2011. Nous travaillons avec l’ASC, la NASA et d’autres organisations spatiales depuis ce temps pour préparer de futures missions spatiales habitées.
[NDLR : Hexoskin est actuellement capable de traquer le rythme cardiaque et ses variations, le taux de respiration et son volume, mais aussi l’activité physique et le sommeil.]
Quelles sont les technologies utilisées et qu’est-ce qui fait de vous une entreprise en avance sur son temps comparativement aux gros compétiteurs du monde sportif (Nike, Reebok et autres)?
P.A. Fournier : Le secret est l’intégration de toutes les technologies : le vêtement, les textiles conducteurs, l’électronique, les applications et les fonctions serveur (cloud) doivent tous fonctionner ensemble de manière impeccable. Le produit a une apparence simple, mais il est très complexe à réaliser du point de vue technique.
En plus, on doit avoir des testeurs réels qui doivent prendre le temps de faire des tests avec les vêtements à chaque changement, ce qui allonge considérablement le cycle de développement de produit.
Aujourd’hui nous sommes reconnus comme l’entreprise la plus avancée au monde dans le développement de vêtements intelligents de précision.
Quels sont les plus gros défis à relever afin d’atteindre ces nouveaux objectifs astronomiques?
P.A. Fournier : Les choses bougent très vite et les possibilités sont très nombreuses. Je dirai que le plus gros défi est d’y aller par étape. On ajoute chaque mois de nouvelles fonctionnalités à notre plateforme de santé connectée.
Quels sont les besoins des astronautes et des équipes au sol vis-à-vis de ces nouveaux équipements?
«Les équipes au sol ont besoin d’avoir l’information de santé des astronautes de façon régulière et durant de longues périodes. Ce besoin répond à plusieurs objectifs scientifiques de l’Agence spatiale canadienne et de la NASA, dont la préparation d’une mission habitée vers la planète Mars», raconte Pierre-Alexandre Fournier.
P.A. Fournier : Les astronautes ont besoin de produits dont la qualité est très élevée, parce qu’envoyer des choses dans l’espace est encore très cher. Les équipes au sol ont besoin d’avoir l’information de santé des astronautes de façon régulière et durant de longues périodes. Ce besoin répond à plusieurs objectifs scientifiques de l’Agence spatiale canadienne et de la NASA, dont la préparation d’une mission habitée vers la planète Mars.
Votre expertise dans le monitorage sportif servira telle à développer des solutions pour les astronautes et inversement et comment?
P.A. Fournier : Notre mission est de mesurer la santé dans tous les contextes. Les besoins technologiques pour le monitoring de santé des athlètes, des astronautes et des patients se ressemblent. L’espace est un milieu extrême qui montre notre capacité à répondre aux besoins les plus complexes.
Peut-on imaginer d’autres applications et utilisations dans les domaines civil et militaire (premiers secours, soldats, personnes malades, et cetera)?
P.A. Fournier : Oui, les applications sont nombreuses. Pensez à toutes les situations où il est utile de connaître les signes vitaux hors des milieux cliniques.
Nous avons déjà une clientèle importante en recherche médicale, et plusieurs clients industriels et militaires qui cherchent à prévenir des problèmes de santé graves grâce à notre technologie de santé connectée.
Pour en savoir plus
Visitez la page du site de l’Agence spatiale canadienne à propos de l’Astroskin, ou regarder la vidéo ci-dessous.
Avec des projets dans les tubes pour des bases sur la Lune et des missions habitées vers Mars, il ne reste plus qu’à espérer que cette entreprise va aller là où aucun autre Québécois n’est allé auparavant. Godspeed!