La neutralité du Net. Son avenir est en jeu, et beaucoup croient que sa disparition pourrait changer votre expérience en ligne. Voici pourquoi.
Telle est l’amorce de la vidéo sur le sujet. Si vous comprenez l’anglais, regardez d’abord la capsule en question. Pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue, je vous propose un compte-rendu ci-dessous, juxtaposé à quelques commentaires.
Lorsque vous téléchargez à partir d’Internet, l’information arrive en paquets de données. Imaginez que ces paquets sont littéralement des colis. Disons que vous voulez regarder un film sur Netflix, qui consiste en 10 colis. Vous commandez, Netflix effectue la livraison, mais ces colis doivent d’abord passer par un centre de tri. Dans cette analogie, le centre de tri est un fournisseur d’accès Internet comme Verizon ou Comcast (Vidéotron ou Bell au Canada, Free, Orange, SFR ou Bouygues en France).
Le président de la FCC a grandement contribué à amasser des fonds lors de la campagne d’Obama, mais il est également un ancien lobbyiste de l’industrie de la câblodistribution.
Maintenant, la neutralité du Net signifie que tous les colis doivent être livrés à la même vitesse. Si la loi change, une entreprise comme Netflix pourrait payer un supplément afin de réserver le premier camion. Si une entreprise ne paie pas, ses colis pourraient être exclus de ce premier camion. Ils seront livrés, éventuellement. Seulement, lorsqu’une scène importante d’un film arrive en retard, vous connaissez la suite.
L’exemple ici est quelque peu étrange. Oui, Netflix a déclaré en février dernier avoir payé un supplément à Comcast afin de s’assurer que son contenu soit privilégié – ce qui a soulevé la grogne de plusieurs entreprises et défendeurs de la neutralité du réseau.
Seulement, Netflix est de loin le plus populaire service de diffusion vidéo par abonnement aux États-Unis. Si Netflix pait afin de privilégier son contenu, l’entreprise s’assure que les films visionnés par ses clients ne seront (pratiquement) jamais interrompus. Il aurait été plus sage d’utiliser n’importe quel autre exemple : une séance de jeu en ligne, la diffusion vidéo d’une conférence en direct, une conversation Skype importante, etc.
«Qui peut aller vite et qui doit aller lentement?» demande David Carr, journaliste au New York Times. «Si mon message vient à vous très lentement et que le message d’une autre personne vient rapidement et directement, qui sera entendu? On parle ici de conséquences pour la démocratie, pour le commerce…»
Dans le débat en cours, les forces de la Silicon Valley sont d’un côté, avec plus de 100 entreprises dont Google et Facebook, qui appuient la neutralité du réseau. De l’autre côté, on retrouve les entreprises de câblodistribution qui exercent une importante influence à Washington.
L’homme à surveiller est le président de la Federal Communications Commission, Tom Wheeler. Il a grandement contribué à amasser des fonds lors de la campagne d’Obama, mais il est également un ancien lobbyiste de l’industrie de la câblodistribution. Wheeler a fait vœu d’aller de l’avant avec la mise en place d’une série de nouvelles règles.
Rappelons que Tom Wheeler est l’auteur du nouveau projet de loi actuellement à l’étude par la FCC. La proposition en question souhaite essentiellement permettre l’exploitation d’un système à deux vitesses.
La position de la Silicon Valley est claire. La position des câblodistributeurs est également claire. Mais qu’en est-il des utilisateurs?
«La neutralité du Net est quelque chose de super bancal», ajoute Carr. «Personne ne veut regarder derrière leur ordinateur ou leur téléviseur pour voir ce qui se passe réellement. Mais ce qui intéresse les gens, ce qui va les inciter à s’informer, c’est lorsque ça ne fonctionne plus. C’est à ce moment-là qu’ils veulent connaître ce qui en est la cause.»