Vous souvenez-vous de l’année 2006 sur Xbox 360 et 2007 sur PlaySation 3? L’année qui a suivi le lancement de ces consoles s’était révélée assez pauvre en sorties. Sur Xbox 360, seuls Elder Scrolls IV : Oblivion et Gears of War s’étaient démarqués en 2006, tandis qu’Uncharted : Drake’s Fortune avait sauvé la fin de l’année sur PS3.
Cet E3 a été aussi l’occasion de voir le tant attendu saut des graphismes, celui qui va nous faire dire qu’on est bien sur des consoles nouvelle génération. Nous verrons de moins en moins de jeux qui ne sont que des versions PS3 et Xbox 360 améliorées.
Nous revivons presque la même situation.
Si les consoles sont effectivement disponibles depuis maintenant six mois, le parc installé reste encore trop petit pour que les éditeurs lancent leurs titres majeurs. À quoi bon sortir maintenant un Batman qui a coûté des dizaines de millions de dollars exclusivement sur des consoles dont les ventes cumulées seront au mieux d’une vingtaine de millions en octobre?
Si plusieurs poids lourds dont on pressentait l’annonce ont effectivement été dévoilés comme Halo 5 : Guardians ou Uncharted 4 : A Thief’s End, toutes ces belles promesses se sont conclues par un superbe : «Disponible en 2015».
Côté conférences, Microsoft a enfin compris qu’il fallait s’adresser aux gamers et que c’était le gros de leur public cible (d’ailleurs en coulisse, la communication et les décideurs sortent enfin de leur léthargie qui a duré deux ans). Microsoft fait tout pour revenir dans le cœur des joueurs et les rassurer. Dans sa manche, plusieurs titres exclusifs comme Scalebound, Sunset Overdirve, Forza Horizon 2, Dance Central Spotlight, le très mystérieux Ori et bien sûr Halo 5.
Sony a bien présenté de ses exclusivités alléchantes comme The Order : 1886, Bloodborne, l’intrigant et gigantesque No Man’s Sky, la vidéo sublime capturée sur PS4 d’Uncharted 4 que l’on aurait voulu bien plus longue. Mais comme chez Microsoft, la plupart des jeux seront pour 2015. Cependant, les joueurs pourront retrouver Little Big Planet 3 en fin d’année. Sony s’est également démarqué avec la possibilité pour un second joueur de rejoindre la partie d’un ami sans avoir le jeu. Sa PS4 blanche est également une surprise. Il avait fallu attendre longtemps avant la mise en marché d’une PS3 blanche, et ce ne fut qu’au Japon.
Le Nintendo Direct bourré d’humour a permis de voir les prochains Zelda, Super Smash Bros qui promet d’être toujours aussi furieux, et Yoshi’s Wooly World à l’esthétique originale. Bayonetta 2 va faire du bien à la Wii U en proposant de l’action débridée, et enfin Splatoon semble complètement fou en multijoueur avec son concept simple et novateur. Nintendo a des jeux pour sa Wii U. Ce qui serait encore mieux serait qu’ils baissent encore le prix pour en faire la parfaite console complémentaire. Quand les amis viennent, difficile de se mettre à plusieurs sur Forza ou Gran Turismo, ce qui n’est pas le cas de Mario Kart. Nintendo devrait jouer sur cette image.
Des éditeurs encore timides
Heureusement, avec Electronic Arts, les amateurs de jeux de sport savent qu’ils seront comblés en fin d’année. EA a également réussi à créer l’attente avec Battlefield : Hardline et Mirror’s Age 2.
Finalement, c’est Ubisoft qui a créé la surprise avec la meilleure conférence de cet E3. Sa stratégie de lancer des jeux en ligne semble payante avec les ambitieux The Crew et The Division. Parmi les autres jeux présentés, quatre sont développés par les équipes d’Ubisoft Montréal : Assassin’s Creed Unity, Far Cry 4, Shape Up et celui qui a mis une claque que personne n’attendait : Rainbow Six Siege.
Cet E3 a enfin été la consécration pour l’équipe de Witcher 3, dont les deux premiers épisodes ont certes eu un succès mérité, mais qui aurait dû être meilleur vu la qualité du jeu.
En ce qui concerne Destiny, personnellement, plus je le vois, moins il me fait envie. Ce qui n’est pas le cas du prochain Call of Duty. Batman Arkham Knght est impressionnant, tandis que Tomb Raider qui a su se renouveler avec brio va bénéficier d’une suite.
Du côté des jeux indépendants, là encore les titres présentés laissent entrevoir un marché qui va se diviser en deux, d’un côté les titres AAA et de l’autre, les jeux indépendants. Il ne semble plus y avoir de juste milieu
Le véritable cap des graphismes
Cet E3 a été aussi l’occasion de voir le tant attendu saut des graphismes, celui qui va nous faire dire qu’on est bien sur des consoles nouvelle génération. Je me demande encore si l’intro d’Uncharted 4 est bien réelle tellement c’est au-dessus de tout, même de Crysis 3 et Battlefield 4 avec les paramètres au maximum sur PC.
Bref, les moteurs graphiques sont faits pour exploiter ces consoles. Nous verrons de moins en moins de jeux qui ne sont que des versions PS3 et Xbox 360 améliorées.
La coupe dans les subventions
En coulisse régnait une inquiétude qui touche les studios québécois : l’annonce du gouvernement actuel qui a décidé de procéder contre toute attente à une coupe dans les subventions accordées à l’industrie. Fruit d’un calcul à court terme qui n’a pas compris les enjeux, les bénéfices et le savoir-faire qu’apportent au Québec cette industrie qui continue de rapporter de l’argent, le gouvernement pour se défendre entonne la rengaine devenue un slogan sur le fait que les plus grosses entreprises installées au Québec sont françaises ou américaines, et qu’une partie des bénéfices quittent le pays.
Pourtant, ce gouvernement libéral a eu des prédécesseurs du même parti élus pendant des années et qui auraient pu mettre en place un tel projet, soit celui de construire des poids lourds 100% canadien. À leur décharge toutefois, trouver de l’argent illégalement pour financer un parti et ses campagnes, puis préparer sa défense en vue de commissions d’enquête doit prendre bien du temps.
Mais en attendant, le Québec ne manque pas de personnes qui savent monter un studio. Le plus dur sera de créer des licences fortes; un travail de plusieurs années. Néanmoins, les studios québécois ont montré qu’ils savent produire des créations originales à l’image d’Ubisoft ou de Frima. De plus, il existe déjà de nombreux studios 100% canadiens comme Hybernum, Compulsion Games, Frima, Beenox (avant d’être racheté par Activision), Behavior, Gamerizon, Minority… Ubisoft ne s’est pas fait en un jour. À la base, l’entreprise vendait des logiciels éducatifs.
Et enfin la polémique
Puisqu’il en fallait une, c’est à nouveau Ubisoft qui en a fait les frais. Malheur, il n’y aurait pas de personnage féminin dans Assassin’s Creed Unity et Far Cry 4. Pour rappel, le mois dernier, c’est le principal méchant de Far Cry 4 qui était mis en cause par les antiracistes qui y voyaient un blanc aux cheveux blonds dominer des minorités asiatiques. Malheureusement, en regardant les premières minutes du jeu, ce fringant blond se trouve être lui aussi asiatique. Bravo aux révoltés de cours d’école pour ces accusations vides de sens!
Comme il fallait se rattraper, accusons alors Ubi de ne pas avoir mis de femme comme héroïne. Sauf que rajouter une fille, ça prend de la capture de mouvements supplémentaire, des animations différentes, l’enregistrement des voix, et refaire les dialogues pour les adapter.
Toutefois, la polémique semble grossir et ne cesse de prendre de l’ampleur. Que nous réserve l’avenir?
Le syndicat des personnes de petite taille va-t-il demander à ce que Peter Dinklage soit modélisé, et que Far Cry 4 se déroule sur une aire de golf miniature afin d’éviter les herbes hautes qui pourraient cacher la vue du protagoniste, donnant ainsi lieu à de nouvelles accusations de discrimination? Les défenseurs des animaux vont-ils de leur côté poursuivre Ubisoft en justice en lui reprochant de ne pouvoir incarner un ours dans Assassin’s Creed Unity?